Comme Charlotte au début de Sex & the city, les différents modèles de vibromasseur m’ont longtemps inspiré gêne et mépris. Jusqu’à ce que la Samantha en moi se décide à passer commande en ligne.
Sex & the city, saison 1, épisode 9 : Le lièvre et la tortue. Quoi que vous pensiez de la série culte créée par Darren Star en 1998, il lui reste une qualité qu’on ne peut lui retirer. Elle fut l’une des premières à adopter un point de vue féminin sur la sexualité. Et à oser. Oser admettre ouvertement que les femmes, elles aussi, aiment le sexe et sont curieuses vis-à-vis de certaines pratiques. Sex & the city a contribué à décomplexer la question dans les médias, jusque dans les mœurs.

Pour ma part, l’épisode dûment cité m’a donné à voir un vibromasseur pour la première fois. Et je trouve ce constat formidable. De ne point avoir découvert un tel objet par le truchement du porno, mais dans une série. Avec un discours positif et plein d’humour. Dans cet épisode, Samantha entraîne Charlotte dans une boutique. L’idée : lui faire connaître l’orgasme au recours d’un vibromasseur. La très prude Charlotte est horrifiée. Samantha, sans honte et affirmée, la convainc non sans peine des vertus du produit.
Tiroir et Fred
Personnellement, bien que convaincue par l’argumentation de Samantha Jones, je n’ai que tardivement sauté le pas. J’ai longtemps affirmé n’aimer que les choses « chaudes et vivantes » – comme j’aimais à le répéter. L’an passé, deux événements ont bousculé mon positionnement. Un ex, d’abord. Il possédait tout un « tiroir aux merveilles », selon la définition de Carrie Bradshaw. Le Blog de Pandora, ensuite. Cette blogueuse, que je suis assidument depuis plusieurs années, avait su présenter et vendre Fred, son gode innervé à ventouse.

C’est alors que je me suis trouvée bien conne. Je figure parmi les premières à revendiquer que la sexualité est faite d’expérimentations et que rien n’est jamais bizarre, ni honteux, du moment que chacun y trouve son plaisir, dans le respect, la joie et l’allégresse. Toutefois, voyez-vous, j’ai beau raconter ma vie sexuelle dans le détail – mise en bouche les boules avec – à ma meilleure amie Morgane lors de longs échanges épistolaires… Je me sens, encore à 30 ans, comme une gamine prise la main dans le sac, quand je dois acheter ne serait-ce qu’un paquet de capotes au supermarché. Alors, imaginez un gode.
Vilain lapin
Car le blocage se situait ici. J’ai mis du temps à assimiler que je pouvais procéder à une commande sur Internet. Le préposé à l’emballage des colis chez Espace plaisir n’allait certainement pas en faire tout en foin. Un deuxième point me perturbait tout de même. Dans Sex & the city, lorsque Charlotte déballe le précieux sésame, elle s’exclame : « Mon Dieu, mais il est tout mignon ! J’ai cru que ça allait être un gros machin qui allait me faire peur, mais pas du tout ! » Clairement, nous n’avons pas les mêmes valeurs.

Le modèle devant lequel s’extasie Charlotte s’appelle un Rabbit. Il s’agit d’une verge en silicone semi-transparent avec des perles à l’intérieur. L’objet doit son nom aux deux oreilles de lapin qui lui sont accolées pour stimuler le clitoris lors de la pénétration. Et cette chose me rend… dubitative. Volumineuse, lourde, complexe. Si elle ne fait pas peur à l’innocente Charlotte, moi, elle me terrifie. D’autant que je souffre d’une tendinite chronique dans la main droite. Grace & Frankie n’avaient effectivement pas encore inventé leur vibro pour veilles meufs pleines d’arthrite à l’époque où Samantha faisait son shopping.
Flutter Through the Sky, Butterfly
Je n’avais donc pas une image très rassurante de ce type d’accessoire. Également parce que, dans le porno, tout vise à la surenchère. Néanmoins, l’envie d’essayer m’élançait grandement. J’ai donc navigué sur le site d’Espace plaisir et j’ai découvert… le Butterfly. Tout petit, tout joli, avec son gland en forme de cœur, sa couleur nacrée et ses ailes de papillon – bien plus délicates que les grandes oreilles du Rabbit. Je me suis écriée : « En plus, il est rose ! C’est pour les filles ! », à la manière d’une Charlotte en goguette.


Julien a alors fait son entrée dans ma vie. Je l’ai prénommé ainsi en raison de sa forme courbée (« courbé », « Julien Courbet » : tu l’as ?). Cette orientation le rend plus pratique d’utilisation en solitaire, nul besoin de vous faire un dessin. Malheureusement, l’expérience avec ce cher Julien eût beau être fort plaisante, elle ne révolutionna pas mon existence pour autant. Je m’en dispense sans peine la plupart du temps. J’en suis donc restée là de mes expérimentations quand, un soir, je fus intriguée par un épisode de The Goop lab avec Gwyneth Paltrow.
Baguette magique
Il y était question de l’orgasme féminin. L’équipe de Gwyneth s’est rendue chez une spécialiste pour expérimenter la chose. L’experte du jour a alors expliqué que le meilleur de tous les vibros, celui qui fonctionne à tous les coups, restait le classico-classique Magic wand. Vous savez, ce masseur à tête ronde utilisé pour stimuler le clitoris. L’idée m’a trottée dans la tête pendant des mois. Et puis, il y eut les soldes. J’ai donc acheté un Magic Wand en ligne. Rose comme tout le reste de mon existence, évidemment.

Verdict ? Sans aigreur aucune, pour paraphraser Charlotte, je dirais : « Il me fait jouir à cha-que fois ! Contrairement aux hommes, il ne me déçoit jamais. » Ce morceau de plastique vibrant tient désormais une place privilégiée dans ma propre boîte aux trésors, tout près de mon lit. Néanmoins, contrairement à Charlotte, mes amis n’ont pas dû me tirer de force hors de ma chambre, pour m’empêcher de m’adonner à l’onanisme à longueur de journée. Il faut dire aussi que je ne suis pas une nantie de la haute-société new-yorkaise et que j’ai tout de même autre chose à foutre. Là se situe toute la différence.
Bzzzzz bzzzz,
