Il y a maintenant plusieurs mois, je vous témoignais mon inquiétude quant aux prochains reboots de Sabrina et Buffy. Depuis, l’apprentie sorcière de mon cœur a fait son grand come-back sur Netflix. La fan hardcore de la première sitcom a-t-elle été séduite ? Réponse.
Avant de de détailler plus explicitement mon avis sur ladite série, il faut que vous compreniez à quel point je suis fan de Sabrina. Je l’aime tellement que mon chien a pour nom de famille « Saberhagen ». Je l’aime tellement qu’adolescente, je me maquillais comme elle. Je l’aime tellement que j’ai pointé désespérément mon doigt pendant des années en espérant que des paillettes en sorte. Je l’aime tellement que lorsque la nouvelle série est apparue sur nos écrans, nombre de personnes de mon entourage m’ont envoyé des messages pour savoir : « Alors, alors, ALLLOOORRRS ?! » Alors, oui. C’est bon. La fangirl #1 en France vous autorise à vous ruer sur cette production Netflix.
Dark
Le mot est lâché : cette nouvelle version de Sabrina se veut résolument plus « dark » que la sitcom de notre enfance. Une déception pour certains, un renouveau jouissif pour d’autres. Néanmoins, ce changement radical d’ambiance n’est pas pure folie créative des seules écuries Netflix : avant de connaître un reboot à la télévision, Sabrina a d’abord subi un sérieux lifting en comics. En effet, l’apprentie sorcière fait partie des classiques des éditions Archie comics, également à l’origine de Riverdale. Or, l’héroïne était restée plus au moins inchangée depuis les années 60. Du moins, jusqu’en 2014 : date de sortie de la nouvelle BD Chilling adventures of Sabrina. Dès lors, le public a dit adieu à la mignonne et insolente adolescente qui apprend sans cesse de ses erreurs. Et bonjour à la jeune fille assoiffée de vengeance, torturée entre rituels sataniques, orgies et cannibalisme.
Cool et féministe ?…
Les Nouvelles aventures de Sabrina sont ainsi tirées de cette récente série de comics. Néanmoins, l’adaptation se veut quelque peu frigide, puisqu’on en a largement lissé les contours. En effet, la BD se révèle plus violente, sanglante et sexuellement explicite que la série éponyme. Toutefois, nombreuses sont les critiques à saluer l’introduction d’un personnage homosexuel : Ambrose, le cousin de Sabrina, assigné à résidence pour cent ans. L’aspect le plus plébiscité du récit demeure cependant la lutte d’un groupe de femmes sous l’égide d’un mâle alpha : le seigneur des ténèbres, aka le diable himself. En effet, dans cette nouvelle version, les sorciers doivent porter allégeance au Malin, saint père de l’Église de la nuit. Or, si cette religion donne à la femme une position supérieure à l’homme, elle n’en reste pas moins la servante du Démon. Ce nouveau contexte donne effectivement matière à réflexion et colle rigoureusement bien aux thématiques branchées du moment.
… Bien qu’elle l’était déjà
Une remarque, cependant. Ces thématiques étaient déjà présentes dans la série Sabrina l’apprentie sorcière des années 90. L’héroïne de mon enfance a été élevée par deux femmes et la sitcom comprenait un message remarquable sur les relations entre les genres. Certains hommes étaient définis comme fermés, inaptes à s’ouvrir aux femmes fortes, cultivées et intelligentes de la famille Spellmann, tels que le proviseur Kraft ou le chef du conseil des sorciers Drell. À l’inverse, d’autres témoignaient d’une grande capacité de dialogue, de compromis et étaient les symboles d’une relation saine et épanouissante, comme Harvey (évidemment), le père de Sabrina ou le fiancé d’Hilda dans la sixième saison. Puis, que dire de cette apparition pleine de sens de RuPaul ? Je rappelle également que dans le dernier épisode, Sabrina s’échappe de son propre mariage à moto. Je crois donc que cet univers n’a pas été dépoussiéré par hasard. Au contraire, je pense qu’on a choisi de le dépoussiérer, car il avait quelque chose à nous dire sur le contexte socio-politique actuel.
Un Salem muet ?
Alors oui, même si elles me paraissent moins audacieuses qu’on aimerait nous le faire croire, ces Nouvelles aventures de Sabrina demeurent bel et bien le reboot que j’avais envie de voir. Le récit garde ce brin de piquant et d’intelligence que j’avais adoré enfant, tout en considérant le fait que je suis désormais adulte. Même le mutisme de Salem ne me dérange pas. Enfin, soyons raisonnables : ses blagues potaches auraient juré avec ce nouvel univers. S’il avait été doté de la parole, on lui aurait reproché de ne pas être aussi drôle qu’avant. Alors bon, le meilleur choix à faire était de lui couper le sifflet, comme dans le comics. Ainsi, le souvenir de cet animatronique rigide des nineties restera à jamais intact dans nos mémoires. Cette nouvelle interprétation mérite sa propre légende.
Paré à lancer Netflix ?